vendredi 14 mars 2014

Souvenirs en vrac

Tata Bibi est née à Sened (entre Gafsa et Gabès) en 1949. Elle a gentiment répondu par mail à nos questions. Voici son témoignage :

1960 : Le départ de Tunisie
Je me souviens bien de notre départ, lorsque nous avons quitté Gabès pour prendre le train qui nous mènerait jusqu’à Tunis, pour prendre le bateau – le Kairouan. En quittant la maison, je ne voulais pas me retourner, je regardais mes chaussures neuves qui étaient vert amande. Nous avons passé une nuit à l’hôtel à Tunis, avant d’embarquer sur le Kairouan. À bord, nous avions, au départ, des ballons qui nous avaient été remis par le personnel naviguant. En nous penchant sur le parapet, alors que nous voguions, les ballons ont éclaté. Je me souviens aussi du petit déjeuner – il y avait du beurre délicieux en forme de coquillage. 

Quelle langue parliez-vous ?
Personnellement, je parlais aussi bien en arabe qu’en français – le français étant notre langue maternelle. 

Comment était la maison ?
Notre maison était en dur ; je suppose aux murs en briques. Elle était dotée de tout le confort à Gabès ; mais lorsque nous habitions à La Skira, nous n’avions ni eau ni électricité – nous devions attendre le train du soir pour être alimenté en eau. Je me souviens attendre ce moment !
Pour ce qui est des chambres, comme nous étions nombreux, – six enfants – les trois filles partageaient la même chambre : Sauveur avait sa chambre, Jean Claude et Guy partageait la même chambre.

Que faisaient votre papa et votre maman ?
Notre papa travaillait au Sfax-Gafsa (SNCF en France). Notre maman s’occupait de nous tous avec beaucoup d’amour.

Pourquoi êtes-vous partis de la Tunisie ?
Nous sommes partis de la Tunisie à cause de l’indépendance.

Qu’aviez-vous comme jouet ?
J’avais comme jouet un poupon baigneur, mais je préférais me fabriquer des jouets avec des morceaux de bois, des chiffons… 

À quels jeux jouiez-vous ?
Suivant l’endroit où nous habitions, soit j’aimais me laisser rouler du haut des dunes de sable, soit je faisais l’équilibriste sur les rails – le train ne passant qu’une fois. 

Aviez-vous beaucoup de copains et de copines ?
J’avais beaucoup de copains et de copines : Rosalie, André, Fatima, Aïcha, Josette, Babette…
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Tonton Sauveur est né en 1947 à Gafsa . Voici son témoignage :

Quelle langue parliez-vous : arabe, berbère, français ?
Français essentiellement et arabe accessoirement 

Est-ce que vous viviez dans une maison berbère aux murs en terre ou dans une maison aux murs en brique ? 
Maison normale, avec tout le confort, sauf à la Skhira, la 25, à Zanouch et Sened on s'éclairait avec une lampe à pétrole et l'eau tirée par une pompe à main dans un puits.

Comment était la maison ? Y avait-il un frigo ? une chambre chacun ? un jardin ?....
La maison à Gabès était équipée de tout le confort, avec une grande cour intérieure, une petite cour devant la maison, une cuisine, un frigo de marque Kelvinator, une salle à manger, plusieurs chambres et même un WC intérieur alors qu'en France beaucoup en était à la cabane au fond du jardin.

Que faisaient votre papa et votre maman comme travail ?
Papa Félix travaillait dans la compagnie de chemin de fer Sfax-Gafsa au service VB, qui fut nationalisée à l'indépendance en SNCFT. Maman Toutoune gérait toute le famille et souvent se transformait en infirmière, souvent en Sage Femme pour ne pas dire en docteur quand nous habitions loin des grandes villes.

Pourquoi vous êtes partis de la Tunisie ? 
A l'indépendance de la Tunisie pratiquement tous les Français ont quittés la Tunisie à mon grand regret car nous n'étions pas menacés, c'est plus pour notre avenir que nous sommes partis....regrets

Qu'aviez-vous comme jouets ? A quels jeux jouiez-vous ? Aviez-vous des copains, des copines ? Comment s'appelaient-ils/elles ? 
Nous avons eu des Parents Formidables, une enfance des plus heureuses et on peut dire que nous n'avons jamais manqué de rien, je me souviens avoir eu un habit de Zorro à l'âge de 4 ans.
Nos copains étaient arabes, juifs, italiens, français.... bien sûr, on ne faisait pas de distinguo ou de différence entre nous, nous vivions les portes toujours ouvertes et chez nous c'était un peu "la maison du Bon Dieu".
Pour peu que je me souvienne des prénoms, il y avait Smohil, Marzougui, Dédé, Alain, Ali, François et les autres, et on faisait des matchs de foot sur la place de la gare avec souvent des ballons de fortune.......

Est-ce que votre école était loin de la maison ? 
 Notre école était une école comme toutes les écoles de France, nous avions un cartable normal, de ce temps on portait un tablier qui était noir.

En quelle langue parlait le maître/la maîtresse ? 
L'enseignement était le français avec toutes les matières, orthographe, calcul, géographie, histoire, sciences, leçon civique, sport, musique etc.....

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